-Comment avez-vous découvert l’univers du marketing ?
Dès la seconde, lors d’un stage chez Nestlé, au sein du département Chocolats. Cela a été un déclic : je voulais faire du marketing ! J’ai aimé ce côté touche à tout, créatif, et chef d’orchestre. J’ai alors suivi un cursus en école de commerce à l’ESCP, avec une spécialisation en marketing international aux États-Unis.
-Vous avez travaillé dans les secteurs de l’agro-alimentaire, du luxe et du retail : pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
En 2000, pour ma première expérience, j’ai choisi d’intégrer un groupe international du secteur de l’agroalimentaire : mon premier poste chez Nestlé Waters a été très formateur – j’y ai appris tout le savoir-faire, tous les aspects du marketing : du développement produit à la gestion de l’image, en passant par l’analyse des réseaux de distribution. J’ai aussi eu la chance de visiter de nombreux marchés à l’international et de travailler avec des gens de cultures extrêmement variées. J’ai eu ensuite l’opportunité de rejoindre le joailler Chaumet en tant que responsable marketing Europe : j’avais toujours été très attirée par l’univers du luxe, par le côté savoir-faire et l’encrage historique des maisons. J’y ai appris un nouveau rythme, de nouveaux codes : ceux de l’industrie du luxe ; un nouveau type de marketing, le marketing opérationnel, très orienté terrain et ROIste, mais surtout le management. Je dirigeais une équipe de 3 à 4 personnes, avec des profils et séniorités différentes. Il était important pour moi de m’intégrer dans une équipe qui fonctionnait sans moi et d’apporter ma « touche » personnelle. S’il y a bien quelque chose que l’on ne nous apprenait pas à l’époque en école de commerce, c’était le management et l’art de naviguer en entreprise. Ce fut le grand bain ! Puis fin 2007, j’ai rejoint le groupe GAP : à cette époque, la marque américaine de fast retailing souhaitait opérer un changement de positionnement sur le marché européen avec une volonté de monter en gamme et de se rapprocher d’un « Comptoir des cotonniers ». Cette expérience d’un an a été très riche, et formatrice : j’ai pu participer à de nombreuses études et analyses, avec le marketing UK, présenter des recommandations – pour conclure qu’il était impossible de changer l’ADN d’une marque. Ma mission s’apparentait plus à une mission de conseil stratégique.
-En 2009, vous vous lancez de façon indépendante dans le conseil en marketing et communication : quel a été le déclic ?
Cette expérience « projet » chez GAP m’a plu - j’ai alors sauté le pas de l’aventure entrepreneuriale en créant ma propre structure de conseil. J’ai travaillé entre autres pour des start-ups sur des développements de produits notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Cette période a été galvanisante et stimulante intellectuellement, tant d’un point de vue personnel que professionnel. Il n’y avait plus d’horaires ni de jours fériés. On était en circuit très court, au cœur de la réflexion. Mais au bout de 5 ans, j’ai eu besoin de retrouver un cadre, une équipe. Et j’ai rejoint la marque d’horlogerie OMEGA comme directrice marketing et communication pour la France.
-Quels étaient les enjeux de votre poste ?
Cette marque suisse d’horlogerie de luxe fait partie du groupe Swatch. En 2015, l’objectif était de renforcer le positionnement de la marque sur le marché local, sur un marché ultra concurrentiel. Pendant près de 5 ans, j’ai travaillé avec une équipe de 5 personnes. Cette période a été passionnante, nous avons lancé de nombreux projets, développé de très beaux partenariats et contribué ainsi à développer fortement la notoriété de la marque auprès de la clientèle locale. C’est aujourd’hui une marque très désirée. La beauté du Swatch Group est cette capacité à vous positionner comme un entrepreneur de votre propre marque. Vous pouviez défendre n’importe quel projet, mais à partir du moment où il fait sens et est pertinent, le siège vous suit et vous soutient.
-Qu’est-ce qui caractérise, selon vous, un bon manager ?
Pour moi, le management est l’élément le plus difficile et le plus challengeant, quel que soit le poste. Je ne pense pas que l’on puisse vraiment apprendre à manager – on a l’envie, ou on ne l’a pas. Car pour moi un bon manager est un manager qui a et qui donne envie. Il faut aimer les gens, savoir passer du temps avec ses équipes afin de les motiver et les faire grandir. On passe plus de temps avec nos équipes qu’avec nos propres familles le plus souvent. Avoir une équipe qui se lève le matin avec l’envie de vous retrouver et de travailler avec vous est, je trouve, ce qu’il y a de plus gratifiant personnellement.
-Vous êtes devenue Directrice de la marque Glashütte en janvier dernier : pouvez-vous revenir sur ce changement de carrière ? Quelles sont vos missions exactes ?
Après près de 20 ans d’expérience en marketing et communication dans de grands groupes, j’ai voulu me lancer dans un nouveau projet challengeant, plus global et plus axé « business ». Le groupe Swatch m’a alors donné l’opportunité de devenir directrice de Glashütte Original, avec l’objectif de développer cette marque de haute horlogerie allemande en France, en Belgique et au Luxembourg. Mon rôle consiste à gérer la marque de façon globale : gérer le réseau retail, développer le réseau de distribution, assurer les campagnes marketing et commerciales, avec un œil comptable et commercial au travers du P&L. Un rôle à 360 degrés qui m’enthousiasme et me permet d’acquérir de nouvelles compétences, au-delà de mon parcours initial en marketing et communication.
-Quels conseils donneriez-vous aux personnes souhaitant opérer un changement de carrière ?
Il faut écouter son intuition, et dire oui aux opportunités qui vous sont offertes ! L’aspect financier et matériel est bien entendu important pour un poste, mais nous passons aujourd’hui la majorité de notre temps au bureau : l’envie doit être au rendez-vous ! Et pour cela, il faut savoir s’écouter, se faire confiance et oser !