Portraits

Mickael Locoh, Directeur Général Europe du Sud et Afrique, Steelcase

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06/07/2022

Bonjour Mickael. Pouvez-vous nous parler de Steelcase et de ses missions ?

Nous sommes spécialistes de l’aménagement des espaces de travail et du mobilier de bureau. Nous accompagnons les dirigeants et DRH d’un vaste panel d’entreprises en France et à l’international : grands groupes du CAC 40, PME, ETI… Et nous lançons notre offre BtoC, c’est le tout début.

Notre mission : aider les dirigeants à intégrer l’espace de travail leur réflexion stratégique. L’objectif : maximiser leurs leviers de performances.

Après deux ans de Covid, quel est votre regard sur la situation dans les espaces de travail ?

Nous n’avons jamais autant travaillé. Les gens ont découvert que le travail ne se faisait pas qu’au bureau. Il est devenu possible ailleurs. Cela a modifié le rapport au travail, au leadership et amène deux questions :

  1. A quoi sert le bureau ?
  2. Comment faire revenir les gens au bureau ?

Cette dernière, tous les DRH et dirigeants se la posent. Elle est inévitable pour éviter des problèmes de rétention, d’attraction et d’innovation.

Leur constat : le lieu physique est le seul endroit où les collaborateurs peuvent expérimenter la culture d’entreprise. Son ADN, ses valeurs, ses manières de faire, ses règles tacites… Tout ce qu’on ne peut pas ressentir lors d’un call.

C’est là que l’espace de travail a désormais son rôle à jouer. A partir de là, ils s’interrogent :

Est-ce que je fais plus petit, plus grand, différent ?

Comment l’intégrer à tous les autres lieux où l’on travaille désormais (maison, transports…) pour en faire un écosystème cohérent ?

N’oublions pas que tout cela doit permettre de continuer à produire, à innover.

Voyez-vous des différences entre les pays sur cette réflexion liée à l’espace de travail ?

Oui car la manière de travailler et les modes de leadership sont différents. Que ce soit chez nos voisins européens mais surtout aux Etats-Unis et en Asie. Aux Etats-Unis, la gestion de la performance se fait par le résultat. Peu importe d’où le travail est fait, ce qui compte c’est d’atteindre ses objectifs.

Ici en France la tendance reste au contrôle et au présentéisme. La pensée « Si je ne vois pas mes équipes, c’est qu’elles ne travaillent pas » perdure chez certains. Dans ces cas-là, les changements d’espace induisent un changement de pensée au niveau du management.

En revanche, tous les pays se posent les mêmes questions sur la manière de garder une culture d’entreprise, une cohérence.

Il n’y a pas de modèle unique, ni de secteur plus avancé dans cette initiative. Tout dépend de la culture d’entreprise, du pays et de la direction que le leader veut insuffler.

Quels sont vos conseils pour améliorer l’expérience employé ?

D’abord : avoir une vraie prise de conscience. Se demander ce qu’on veut faire et quoi changer. Le premier fil directeur de cette réflexion à suivre : les collaborateurs reviendront au bureau s’ils ont mieux qu’à la maison. Le lieu physique doit leur permettre de :

Mieux se concentrer. Tout le monde n’a pas de pièce dédiée, notamment pour les habitants de Paris et d’Ile-de-France.

Mieux collaborer. Les outils virtuels comme Teams, Zoom, Webex ont leurs limites. Il est nécessaire de pouvoir collaborer plus directement et d’intégrer dans l’espace physique ces outils virtuels.

Mieux socialiser. Créer la rencontre est essentiel, nous sommes des êtres sociaux. On dit souvent que « les meilleures idées naissent parfois autour de la machine à café » et c’est avéré ! Les lieux qui connectent les gens sont des points d’ancrage importants pour travailler l’attachement à l’entreprise.

Ensuite, il faut commencer la mise en œuvre et se fixer des étapes. Accepter que cela prend du temps. On ne change pas une culture d’entreprise en 15 jours. Nous sommes encore en train d’apprendre.

Le plus important est d’en avoir conscience et d’y aller jusqu’au bout.

Et à l’avenir, quelles seront les tendances à votre avis ?

On va rester dans un monde où l’hybridation du travail va rester.

La quête de sens va être de plus en plus importante – peut-être même plus que la rémunération ; la question « Est-ce que je suis aligné » se pose pour beaucoup de collaborateurs. Je l’ai vu en entretien pour des postes de designers chez Steelcase par exemple. Les candidats nous interrogent sur nos process de fabrication en usine, notamment sur l’utilisation de l’eau, de l’électricité. La cohérence entre les valeurs de l’entreprises et ses actions menées sont un sujet réel pour les collaborateurs, toutes générations confondues. Si ce n’est pas le cas, les gens quittent l’entreprise plus rapidement.

À ce titre, les valeurs doivent vraiment se traduire dans le management, dans les actions et dans l’espace de travail.

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