Mathieu Roland-Billecart, Président-Directeur général, Champagne Billecart-Salmon

Bonjour Monsieur Roland-Billecart. Comment décririez-vous la politique RSE de votre entreprise ?

Si nous avons obtenu en 2017 la certification Viticulture Durable en Champagne et avons débuté une conversion en agriculture biologique sur une partie de notre vignoble en 2019, notre Maison bicentenaire Billecart-Salmon a toujours eu à cœur de maintenir une démarche viticole responsable, perpétuant le cercle vertueux entre vigneron et nature. Comme le disaient mes grands-parents : « Traite ta vigne comme tu traites tes propres enfants ». Nous travaillons avec la Nature : en tant qu’entreprise transgénérationnelle viticole, le développement durable ou, de façon plus globale, les politiques RSE, constituent la condition sine qua none de survie. Au-delà d’une démarche de bon sens, il s’agit d’un état d’esprit qui pousse à se questionner et à progresser continuellement sur le long terme, à savoir prendre du recul entre effets de mode et réalité du terrain, dans un cadre plus global de changement climatique. Les solutions sont parfois complexes à trouver et doivent être pérennes mais notre modèle familial permet de gérer ces temps longs de remise en question, de réflexion.

Pouvez-vous nous décrire un exemple d’action RSE mis en place récemment ?

Dans une démarche constante d’amélioration de nos pratiques, nous avons réalisé il y a deux ans un bilan carbone. Ce diagnostic nous a permis d’identifier un point d’amélioration relatif à nos emballages. Nous utilisions déjà des bouteilles avec un taux de verre recyclé très élevé et travaillions historiquement avec des fabricants français ou portugais pour nos packagings, en cartons ou en bois labellisés FSC. Afin d’aller encore plus loin dans notre démarche, nous avons cette année décidé de réduire notre utilisation d’étuis de 50% en sensibilisant nos clients sur la conséquence de leur demande de suremballage. Étant donné que nous avions déjà une approche vertueuse depuis fort longtemps, le progrès a tendance à venir d’un grand nombre de petites initiatives plutôt qu’une révolution complète dans notre approche.

Vous avez créé la Foundation Billecart-Salmon en décembre 2021 : pouvez-vous revenir sur sa genèse et nous parler de ses contributions ?

La création de la Foundation a permis de formaliser des actions qui existaient depuis de nombreuses années. Notre famille a toujours fait partie de la vie du village de Mareuil-sur-Aÿ. Jusqu’en 1964, un potager était exploité sur le domaine, et permettait de nourrir la famille, mais également les membres de l’équipe et certaines familles du village, notamment en période de guerre ou d’épidémie. Aujourd’hui, le potager a été remplacé par la parcelle de vignes devenue mythique du Clos Saint-Hilaire, mais nous avions à cœur, au nom des valeurs de partage et de solidarité, de continuer à agir pour notre communauté et d’œuvrer pour le bien-être environnemental. Champagne Billecart-Salmon, en reversant à la Foundation un pourcentage des ventes de la cuvée Clos Saint-Hilaire, a vocation à soutenir des projets engagés et locaux autour de deux grandes thématiques : la lutte contre les inégalités alimentaires et la transition écologique. En moins d’un an d’existence, nous avons déjà contribué au financement de 2000 repas de l’Aide alimentaire du Canton d’Aÿ, et nous sommes fiers de faire partie des Mécènes du restaurant inclusif l’Extra à Reims.
Plus récemment, nous avons lancé un appel à projet dans la presse locale pour des projets innovants en matière de transition écologique. Nous avançons doucement, mais sûrement, sur des projets de fond, et c’est ce qui nous anime depuis 7 générations.