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Pouvez-vous nous raconter en quelques mots l’histoire de l’association Ruban Rose ?
L’association Ruban Rose est née en 1994 en France d’une initiative commune du groupe Estée Lauder France et du magazine Marie-Claire. Ses racines se trouvent aux Etats-Unis : Evelyn Lauder, vice-présidente du groupe Estée Lauder, souhaitait attirer l’attention sur le cancer du sein qui, au début des années 90, faisait encore l’objet de nombreux tabous. Evelyn Lauder a dû elle-même combattre la maladie. En 1992, elle lance Octobre Rose, une campagne de sensibilisation au cancer du sein, à laquelle est associé le symbole du Ruban Rose. Cette action est rapidement complétée par un deuxième pilier, le soutien à la recherche, avec la création en 1993 de la Breast Cancer Research Foundation (BCRF).
Attachée à notre pays, Evelyn Lauder contacte son amie Evelyne Prouvost, fondatrice du groupe Marie-Claire : la campagne de sensibilisation « Le Cancer du Sein, Parlons-en ! » est lancée en France. Le mouvement se structure juridiquement sous la forme d’une association en 2003 pour renforcer ses actions. En 2020 l'association change de nom pour Ruban Rose afin de mettre davantage en avant le symbole fondateur de la lutte contre les cancers du sein. Point notable, alors que les entreprises favorisent les fondations d’entreprise, Ruban Rose est l’une des rares associations Loi 1901 abritée par un groupe.
Pouvez-vous décrire rapidement votre parcours professionnel ?
J’ai commencé ma carrière au sein de grands groupes de presse, en tant que directrice de clientèle puis de la publicité, avant de fonder avec mon mari une agence d’évènementiel dans le secteur de la musique. J’ai également travaillé au sein du bureau français de l’ONG internationale World Vision dédiée au parrainage d’enfants. Ma mission était double : développer la collecte de fonds auprès des acteurs économiques privés en tant que directrice des partenariats entreprises et accroître la notoriété de l’ONG en France en tant que directrice des relations avec les médias.
Lorsque j’ai été contactée, il y a presque six ans, par la Directrice générale du groupe Marie-Claire pour être directrice de Ruban Rose, je n’ai pas hésité longtemps. J’ai été séduite par la possibilité de m’investir dans une cause de santé publique majeure et de participer au développement de l’association, en m’appuyant sur ma fibre entrepreneuriale et mon expérience dans le secteur caritatif et philanthropique. Je ne le regrette pas, bien plus qu’un travail, c’est un engagement de tous les jours.
Comment a évolué la campagne de sensibilisation au fil des années ?
Depuis 30 ans, le chemin parcouru est considérable. Cette année, l’Assemblée nationale, l’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel se sont parés de rose pour le lancement de la campagne. Le 1er octobre, 99 femmes et 1 homme - on le sait peu, mais le cancer du sein touche aussi les hommes - malades ou ex-malades, ont défilé sur les Champs-Elysées, accompagnés de soignants et chercheurs. Quels symboles !
Octobre Rose rencontre un succès impressionnant : entreprises, centres commerciaux, mairies, associations, initiatives individuelles… Tous s’approprient cet évènement, qui suscite un véritable engouement. Un mouvement collectif d’ampleur s’est créé : année après année, un véritable écosystème a vu le jour. C’est le parfait exemple d’une décentralisation réussie, avec une multitude d’initiatives greffées sur les actions de l’association.
L’objectif de lever le tabou sur la maladie est atteint. C’est capital ! Une femme sur huit risque d’être touchée par la maladie au cours de sa vie. Le cancer du sein est le plus fréquent et le plus meurtrier : la prévention et le dépistage précoce sont essentiels.
Outre ses missions de sensibilisation et d’information, l’association a aussi pour objectif de soutenir la recherche.
En effet, l’association est engagée aux côtés des médecins et chercheurs depuis 2003. Cette année, pratiquement 2 millions d’euros ont été donnés pour soutenir dix projets de recherche : la remise des Prix Ruban Rose a eu lieu le mercredi 18 octobre lors d’une cérémonie à l’Assemblée nationale.
Le Grand Prix de la Recherche est une subvention versée à des médecins ou chercheurs dont les travaux sont reconnus par la communauté scientifique. Le Prix Ruban Rose Avenir, aussi destiné à des médecins ou chercheurs, met l’accent plus spécifiquement sur l'ambition et la créativité des projets pour obtenir des avancées significatives. Enfin, le Prix Ruban Rose Qualité de Vie finance des travaux de recherche ou actions à visées sociales dont le but est d’améliorer la qualité de vie des patientes.
Nous avons mis en place un comité scientifique composé d’experts bénévoles qui, en plus de recommander les orientations scientifiques prioritaires à suivre, nomme un jury chargé de l’évaluation des dossiers présentés dans le cadre des Prix Ruban Rose. Depuis 2018, près de 8 millions d'euros ont été versés à une centaine de projets de recherche : il est indispensable de fournir à nos donateurs des garanties sur l’utilisation de l’argent récolté.
Quelles entreprises soutiennent votre association ? Quelles sont leurs motivations ?
L’association est soutenue par une centaine d’entreprises : elles sont à l’origine de 75% de l’argent collecté. Joaillerie, textile, distribution, banques et même contrôle technique, tous les secteurs sont concernés.
Les raisons de leur engagement sont multiples et ont évolué au fil des ans. Initialement, les entreprises cherchaient surtout à envoyer un message à leurs clients. Depuis quelques années, nous constatons qu’elles souhaitent également s’adresser à leurs collaborateurs, qui peuvent être touchés, même indirectement, par la maladie. Les entreprises veulent donner du sens et s’investir dans des causes de santé publique. Elles viennent à nous notamment grâce au rayonnement de la campagne, c’est une chance !
Chaque entreprise peut contribuer à sa manière, selon ses moyens et spécificités. De nombreux médias nous font de la place dans leurs programmes et éditions. La SNCF nous a permis d’utiliser les espaces publicitaires dans les gares, qui sont de formidables lieux de sensibilisation. Des fleuristes nous ont offert des bouquets pour le cocktail dînatoire qui a suivi le lancement de la campagne sur les Champs-Elysées… Le Groupe GR, lui, a mis gracieusement à notre disposition des hôtes et hôtesses pour cet évènement. Chaque geste compte !